Ne me prenez pas pour ce que je ne suis pas. Ne me prenez pas pour un monstre. Selon les études que les scientifiques ont menés, tout serait une histoire d'ADN. C'est puissant l'ADN, non ? C'est ancré dans mon code biologique. Je ne suis pas intelligente, juste curieuse. Je suis selon ma sœur, diaboliquement intelligente mais pas intelligente. Je me sers de mon cerveau et de mon don pour faire le mal. Pourquoi ? Parce que je suis comme ça.

Londres, le 26 mai 2000

Tout a commencé le jour de mon douzième anniversaire. Jeune, insouciante mais déjà colérique. Mes parents m'avaient promis une fête. Vous savez, le genre princesse, pinata, tout ce qui s'ensuit. Seulement, arrivée le jour J, il n'y avait pas de princesse, il n'y avait que ma famille. C'est-à-dire nous quatre. Mes parents, ma petite sœur et moi. Je n'ai jamais été du genre capricieuse mais on ne doit jamais promettre quelque chose à un enfant qui ne peut être réalisé. Mes parents m'en avaient parlé tous les jours pendant des mois et ce fut comme si on m'avait demandé d'aller à Disneyland alors qu'on m'emmenait chez le dentiste. Je vous laisse imaginer ma déception. Ma sœur a toujours été la favorite de la famille. Elle est née trois ans après moi mais quelques jours avant ma date d'anniversaire donc quasiment quatre ans. « Tu comprends Gwen a eu un bel anniversaire et nous n'avions plus assez d'argent, m'avait dit ma mère. » Plus assez d'argent ? J'étais l'ainée, je devais prendre sur moi. Mais j'en ai eu marre. Les vêtements que je ne désirai pas, les cadeaux de noël qui ne me convenaient pas alors qu'elle avait tout ce qu'elle voulait. La jalousie. Je suis devenue jalouse de ma petite sœur. « De toute manière, c'est votre préférée. Pas moi. » Ma mère a essayé de dire non, elle a essayé de me dire que ce n'était pas vrai mais tout a dégénéré. Elle cuisinait. Elle me faisait soit-disant un gâteau sur le gaz et je me suis emportée. Mon pouvoir, ma capacité est liée à des émotions qui sont décuplées par ce dernier. La flamme a jailli sur le bras de ma mère, embrassant sa peau et sur le coup, je fus fascinée. Apeurée mais fascinée lorsqu'elle s'est retournée vers moi. « Qu'as-tu fait ? » Pourquoi est-ce que ? « Je n'ai rien fait, hurlai-je, tandis que la flamme entrait de plus en contact avec sa peau, je n'ai rien fait. » Ma sœur est arrivée, elle a hurlé, mon père a appelé les pompiers et ma mère est partie à l’hôpital, grièvement brûlée. Après ce jour, tout le monde dans ma famille m'a regardée comme si j'étais un monstre, une erreur de la nature. J'ai donc décidé de fuir. Le jour de mon treizième anniversaire, j'ai fui. J'ai pris mon petit sac et j'ai quitté le domicile familiale sans me retourner pour aller chez la seule personne qui ne me regardait pas bizarrement.

Ma grand-mère.

« Tu es comme moi, sauf que je l'ai toujours caché. » Elle ne pouvait pas contrôler le feu, c'était plus subtil que ça. Elle faisait juste bouger les objets, à croire que c'était plus atténué que le mien. Je ne suis pas restée avec elle longtemps. Quelques mois, le temps qu'elle m'enseigne son mantra avant de fuir définitivement. A quatorze ans, on est encore une enfant, on a du mal à se faire une place dans le monde extérieur, surtout à Londres et puis, j'ai trouvé une amie plus âgée. Avec qui je me suis envolée pour Paris.



Paris, le 24 décembre 2006

Six ans ont passé depuis la découverte de mon pouvoir. De ma monstruosité. Je ne sais pas comment j'ai fait pour survivre pendant toutes ses années. Après avoir quittée ma grand-mère, je suis partie à la recherche de gens comme moi. Existait-il une organisation ? Un refuge ? Il s'avéra que je fus traquée. Oui, par des gens avec des fusils. Qui tirent de vraies balles. Qui nous font réellement passer pour des monstres, des erreurs de la nature. Et puis, je l'ai rencontrée, elle. Mon double. Sauf qu'elle est blonde, possède la peau très pâle comme un vampire limite et qu'elle peut générer de la glace. De la glace. Je ne pouvais pas générer des flammes, juste les contrôler mais toutes les deux, nous avons entrepris de retrouver les nôtres, de comprendre ce qu'on était. Alors aussitôt, on se dirigea vers Paris. Pourquoi Paris ? Je n'en avais aucune idée, je devais juste la suivre. Elle était plus âgée que moi, contrôlait mieux son don et je n'avais alors que quatorze ans.

Quatre ans que je suis à ses côtés et je ressens toujours ce vide en moi. Cette jalousie qui me ronge car elle a quelque chose que je n'ai pas. La puissance. Mais ça allait venir. « Mira, qu'est-ce que tu fous ? » Nous devions voler pour survivre, nous devions faire des petits délits jusqu'au jour où je voulus plus. « Je vais braquer une banque. » Comment une gamine de dix-huit ans peut-elle parvenir à ça toute seule ? Liz a essayé de m'en empêcher, de me faire comprendre que j'étais stupide et que j'allais me faire prendre par les connards qui nous poursuivaient depuis. « J'en ai rien à carrer. » Je voulais faire quelque chose, j'en avais assez de rester dans le noir. D'attendre. Donc, je partis braquer une banque. Du moins, j'essayai mais Liz se tenait devant moi en me barrant le passage et c'est là que... je ne compris pas ce qu'il se passa mais elle s'enflamma. Elle s'enflamma. Les flammes ne partirent pas de mes mains, enfin si. Mais elles se généraient aussi sur elle. Je suis incapable de vous dire ce qu'il s'est produit. Si c'était ce qui a rongé ma mère aussi. Je n'ai pas été capable de le refaire depuis ce jour là. J'ai fui. J'ai généré des flammes suffisamment fortes pour pouvoir... Oui, attention à ce que vous allez lire. M'envoler. Je pouvais voler. Pas longtemps bien sûr mais je le pouvais toujours et j'étais très repérable donc je devais faire attention. A partir de ce moment là, Mira n'existait plus. Je pris une fausse identité, avec de faux diplômes pour intégrer une université lambda et me fondre dans la masse.



New-York, le 26 mai 2008

Je m'appelle désormais Jordane Matthews. J'ai officiellement pris le nom de mon père alors que depuis ma naissance je portais celui de ma mère. Non pas que je détestai mon père. Enfin, je déteste ma famille toute entière. Ils ne m'ont jamais cherché vous savez. Ma mère va bien, elle a eu un autre enfant. Normal je pense. Je l'espère pour eux. Je ne leur veux pas de mal sinon je serai retournée incendiée la maison mais à la place après quelques vols commis et l'incident qui a eu lieu avec Liz, je l'ai abandonné (elle est encore en vie grâce à son don) et j'ai quitté l'Europe pour les Etats-Unis. Maintenant, j'habite sur un campus. A New-York. Je fais des études de comptabilité dans le but de devenir secrétaire car on ne soupçonne jamais une secrétaire. Je me suis forcée à devenir sociable, une croqueuse d'hommes aussi. Je respecte les règles et je ne vole quasiment plus. Je ne parle pas de cambriolages en disant ça. Je parle de voler dans le sens décoller avec mes flammes comme Johnny Storm dans les Quatre Fantastiques. C'est fou hein ? On pense que les superhéros ne sont que dans les comics mais moi, en ce qui me concerne, je suis plus une vilaine. Je me rendais en classe de compta lorsque je lui suis rentrée dedans. Il était plus grand que moi. Beaucoup plus grand. Un air sérieux sur le visage, trop sérieux. Il portait des fausses lunettes, une coiffure qui devait coûter plus chère que son salaire de simple fonctionnaire et vu sa jeunesse ne pas être un professeur. « Je suis... Je suis désolée, je m'appelle Aaron, Aaron Iver, je suis le nouvel assistant du professeur de Chimie Mr... » Je ne l'écoutai déjà plus. La chimie ce n'est pas réellement mon truc. « Jordane, ravie de vous rencontrer. » Sans réellement m'en rendre compte, je venais de voir l'homme le plus important de ma vie. « C'est mon anniversaire. Pour vous faire pardonner, vous pouvez me payer un verre. » Que je vois si je pouvais voler une Rolex.

Continuer à voler pour survivre : check
Cacher ce pouvoir horrible : check
Se fondre dans la masse : check
Ne pas tomber amoureuse : check.



New York, le 19 janvier 2010



New York, le 26 mai 2015