« C’est pour ton bien » t’en as marre d’entendre ces mots. Non c’est pire, il ne comprenne pas. Tu ne comprends pas non plus. Mais c’est pire quand il t’enferme là-bas c’est pire, leur médicaments ne font rien, cela met les sautes d’humeur qu’en sourdine, empêche de les faire sortir, jaillir de toi, mais cela ne les change pas, ne les annule pas. Tu ne comprends pas, pourquoi tu es comme ça. Pourquoi tu es heureuse et soudainement triste et puis emportée par la colère. Tu as parfois l’impression de te perdre, t’as constamment l’impression de te perdre. Avant tu n’étais pas comme ça, tu étais normal. Et puis tu as soufflé les bougies de tes seize ans, et ça a commencé. Tu as commencé à jeter des objets de colère sans aucune raison. Tu ne comprenais pas, c’était comme si tes propres émotions, sentiments, ressentis étaient incontrôlable. Ils avaient essayés de te faire passer chez une panoplie de psy, tous plus bêtes les uns que les autres. Ce n’était pas toi, tu ne contrôlais rien. Absolument rien. Le pire dans tout ça c’était les yeux de ta mère, qui te regardait remplie d’incompréhension. Et elle était triste et donc tu étais triste… parce que c’était toujours comme ça avec toi. Tu perdais ta propre identité dans celles des autres.

« Je ne peux pas le faire » tu sentais déjà le désespoir et la colère voguait autour de toi, elle t’envahissait, pour te recouvrir complètement et devenir tienne. « Bobbie, fermes les yeux, concentre toi sur moi » tu exécutais ses ordres, tu essayais réellement. Mais tu ne croyais pas qu’elle puisse t’aider. Elle n’était qu’une folle parmi tant d’autres dans cette aile psychiatrique. Mais elle était ton amie, elle était ta seule amie, une dérangée qui ne prétendait pas l’être comme toi. Alors tu tentas de ne penser qu’à elle, juste elle. Te fermer du monde extérieur, te protéger comme une bulle, comme une tortue, ne laissez personne interagir avec toi-même, sauf elle. Et puis tu sentis, la confiance, l’assurance, l’apaisement de ta seule et unique amie. Ta respiration se calma, se cala à la sienne. Tu ne sentais plus qu’elle et toi, en symbiose. « Tu le sens ? ». Elle était folle et pourtant, pourtant tu avais finie par la croire. Elle t’avait assénée qu’elle et toi étaient différentes, comme améliorées… tu n’avais pas voulu la croire, elle et ses histoires mais elle avait raison. Tu avais compris alors que cette maladie dont tout le monde voulait te guérir n’était en fait qu’un don, le don de percevoir les émotions des autres autour de toi. Sans maitrise, celles-ci ne faisaient que s’approprier tes propres émotions.
« Tu es sûre de vouloir partir ? » oui tu l’étais, tu en étais certaine. Tu comprenais ton don maintenant, tu arriveras à le maitriser mais cela demander un travail quotidien, sans discontinuité, alors tu partais, tu partais vers la campagne, loin de la ville, loin de la surpopulation, loin du stress, loin des émotions trop fortes. Tu avais juste besoin de te retrouver avec toi-même

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