La grasse matinée, ça n’a jamais été ton truc. Avant c’était pour l’école ou la livraison de journaux, maintenant c’est par habitude lors des weekends. Et ce matin ne fait pas exception, même si Luke est arrivé la veille, même si tu aurais pu profiter de sa proximité sagement au lit. De toute manière, il est blessé et il doit manger, alors aussi bien te mettre au travail ! C’est ainsi qu’à tout juste huit heures, tu enfonces tes écouteurs dans tes oreilles alors que tu fais émerger ta dernière fournée de muffin, pour les laisser refroidir sur le plan de travail, pour t’attaquer au petit déjeuner du héros dormant encore dans son lit. Tu n’hésites évidemment pas à te tortiller alors que Johnny Stimson se met à chanter dans tes oreilles, dandinant tes fesses, secouant les reins et t’offrant même le luxe d’un solo de guitare, alors que le bacon grille dans la poêle. Évidemment, si les écouteurs ont la chance de laisser Luke dormir, ils t’empêchent de l’entendre t’appeler, une fois l’odeur du bacon l’ayant forcé à quitter le lit. Coup de chance pour lui, alors que tu te retournes pour explorer le frigo, il fait son apparition. Tu lui offres aussitôt un grand sourire de gamine, tirant sur un fil, histoire d’attraper un bout de son annonce : « -une douche. » Tu acquiesces aussitôt, te redressant pour le regarder quitter la cuisine, riant même sous son dernier coup d’œil, alors que tu claironnes joyeusement la réponse typique : « Promis, même si je viens mater, je ne touche qu’avec mes yeux ! » Bien entendu, pas la peine d’attendre sa réponse, déjà tu remets tes écouteurs en place et tu te remets au travail, reprenant ta petite danse, te tortillant plus énergiquement même. Quand Luke est présent, la vie est belle. Sincèrement. Alors tu la célèbres.

Quand Luke sort enfin de la douche, tu ne peux pas t’empêcher de lui jeter un coup d’œil, tout en dansant sur place. Ses points ont tenus ? Il semblerait que oui. Bon, tu ne fais pas que t’assurer que tout est en ordre de ce côté, tu le reluques bien ouvertement, mais ce serait criminel de ne pas le faire et quand son regard croise le tien, tu pivotes déjà pour en terminer avec les crêpes, dodelinant de la tête. Une fois qu’elles sont déposés dans une autre assiette, tu tires sur tes écouteurs, t’en libère et laisse ton téléphone cracher le reste de ta chanson dans la cuisine. « Tu nous fais quoi ? Je sais déjà qu'il y a du bacon » sa question te fait sourire et sans jamais te retourner, tu verses tes œufs brouillés dans ta poêle. « Wahou, c’est que tu es doué ! Tu devrais rejoindre le Shield, Luke ! » Tu lui lances un sourire par-dessus ton épaule, malicieuse. Peste oui, les yeux plissés et brillant d’amusement. Mais alors que tu rapportes toute ton attention à ta cuisson, il relance l’interrogatoire, t’arrachant un petit gloussement : « Du nouveau durant mon départ ? » La question faussement subtil habituelle, celle à laquelle tu as droit à chacun des retours de MONsieur l’agent du Shield. Évidemment, tu évites de répondre, trop occupée à remplir vos assiettes, la sienne déborde oui, mais il faut qu’il prenne des forces de toute manière. Les toasts sautent au même moment où tu poses son assiette devant lui : bacon, œufs, crêpes, fruit coupés, pomme de terre en dés et fromage en cube. Il a tout juste droit à un petit sourire de ta part, que déjà tu te retournes, ne lui laissant que la vue de ton dos et de tes fesses, moulées dans ta culotte « blow me ». Tu t’attaques aux toasts, que tu recouvres de beurre alors qu’il marine dans ton dos, « réfléchis un peu et je crois que ça viendra » que tu le taquines. Les toasts terminent tout de même dans son assiette et toi, devant ton petit déjeuner, soit près de lui, une jambe sous ton corps, l’autre pendant joyeusement alors que tu attrapes ton café. Deux sucres et un lait, parfaitement comme tu l’aimes. C’est à ton tour de le remercier d’un sourire.

« Tu travailles ce soir ? » Tu bats doucement des cils en le fixant, ta tasse encore contre ton visage. Lui, il dévore, mais toi, tu aimes prendre ton temps. Comme les enfants. Comme quand tu en étais encore une. Mais tu reposes ton café sur la table et attrape un bout d’orange pour en sucer la pulpe, tout en le fixant. Tu joues avec ses nerfs et souris quand tu le vois hausser les sourcils. Tu te lèches les lèvres avant de te lancer, tes doigts jouant déjà dans ton assiette. Tu adore manger avec tes doigts, sale manie que tu as attrapé auprès de ton frère, toute petite déjà. « La question ce n’est pas plutôt quand est-ce que je termine ? » Petite maline va, tu fais pivoter ton siège et lui offre un grand sourire amusé, pour lui tendre un bout de banane, entre tes doigts. « Là, mange. Le bacon c’est bon, mais il te faut du potassium aussi ! » Tu le force presque à le prendre et glisse ensuite tes doigts entre tes lèvres, les suçant avec une toute petite arrière-pensée. Les bananes c’est bon quoi. « Quant au nouveau… je dois vraiment te faire un dessin ou tu es encore plus stupide que prévu ? » Tu coupes un bout de crêpe et l’attrape avec deux doigts, pour l’avaler, profitant du goût du sirop. Qu’il médite un peu sur la question, après tout tu ne lui demandes pas un miracle, juste de remarquer que tu as coupé tes cheveux. Hier soir, il n’a rien dit à ce sujet. Il faut dire qu’il saignait pas mal et qu’il était épuisé. Tu as tout juste eu le temps de nettoyer ses plaies, de le recoudre, qu’il râlait déjà qu’il voulait aller dormir. Eh bien soit. Il a dormi et maintenant, tu exiges au moins un petit compliment sur ta tête, même si ce matin tu as une sympathique tête d’ahuris. Parce que si tu ne sais pas flâner au lit, sauf en cas de cuite la veille, tu n’es pas davantage douée pour te pomponner sans raison, surtout pas le matin. Comme rien ne vient, tu soupires et lui lance un bout de pomme de terre. « Mes cheveux, ducon ! Mes cheveux ! Tsk ! » Tu n’es pas sincèrement vexée, mais tu secoues la tête, ton café à nouveau entre tes mains. « Darry l’a tout de suite remarqué LUI et il m’a même complimenté ! Si je me rappelle bien… » tu plisses les yeux, ta tasse contre ta lèvre supérieur, faisant mine de réfléchir intensément, avant de lui balancer ton sourire de conquérante. « AH SI ! Il m’a dit que c’était très sexy. Pas mal, non ? »