C'était la fin. Définitive et violente. L'homme fixait le bout de papier au bord déchiré qui avait été épinglé sur la porte d'entrée. Cela n'avait qu'une signification. Elle était parti. Pour de bon cette fois. Elle avait pris le poudre d'escampette et l'avait laissé là. Il avait beau avoir lu le mot, il manqua un battement de cœur. Il accourut dans la chambre du bébé. Et si sa femme avait emporté avec elle le fruit de leur union. La porte était grande ouverte. Il manqua un autre battement de cœur. Et il eut aussi le bonheur de se rendre compte que la chose la plus précieuse qu'il avait dormait paisiblement dans son berceau. Aleksa avait eu deux ans ce jour-là et c'était aussi le jour où sa mère avait décidé que c'était trop dur d'être mère et qu'elle préférait retourner dans son pays natal, la Russie , afin d'y retrouver son ex-mari, violent mais riche à foison pour y vivre une vie de femme désavoué mais blindé.

L'homme venait à peine de se lever et pourtant il se sentait déjà si fatigué. Perdre un être cher avait cet effet sur vous, il paraît. Il jeta de nouveau un coup d'oeil sur sa fille et retrouva le courage dont il avait besoin. Sa femme avait préféré le matériel à l'amour, elle ne pouvait donc pas les avoir aimer comme il le méritait. C'était sa fille qui lui faisait dire cela. Comment ne pouvait-on pas aimer cette petite créature complètement adorable ? Il décida donc une chose : il ferait de sa fille sa priorité. Malgré le travail qu'il continuerait à accomplir avec passion, il ferait absolument tout ce qu'il faut pour que sa fille soit fière de lui et surtout heureuse. Il venait de réaliser qu'il n'avait pas besoin de l'amour de sa froide femme.



C'était le premier jour de l'année 2008. Toute la planète avait fêté, la veille, la nouvelle année qui arrivait. Aleksa avait comme tout les autres bien fait la fête la veille et quand tout les autres subissaient la cuite du lendemain et, qui pouvait remercier les années passés en Russie avec sa tante, avait un déjeuner prévu avec son père. La jeune femme avait parcouru le monde durant son adolescence accompagnant sa tante, une baroudeuse polyglotte qui, avant la fuite de sa sœur, avait appris multiples langues étrangères et voyagé de nombreuses années. Quand elle appris que sa sœur avait quitté le père d'Aleksa, elle avait décidé de s'arrêter et de s'installer chez les Darrington pour s'occuper de sa nièce pendant les absences de son père. A l'adolescence, elle et Mr Darrington s'était mis d'accord sur le fait qu'on ne pouvait pas laisser une ado seule en l'absence de tuteur majeur et qu' les ailes de la baroudeuse avait été coupé assez longtemps. C'est ainsi que la femme et la jeune fille partirent explorer le monde.

Aux dix-huit ans de la blonde, elle était rentrée aux États-Unis afin de se lancer dans des études des Affaires Internationales à la Elliot School, une université de Washington DC. A la fin de ses études, elle avait tout prévu et c'était ce pour quoi elle voulait voir son père.

Lorsqu'il arriva, elle lui annonça. Elle voulait être comme lui. Faire le même travail que lui. Ou presque. Elle préférait être dans une partie plus relier aux relations humaines  que directement dans le feu de l'action. C'est à ce moment là qu'il avoua, après avoir demandé à un supérieur si il pouvait le faire, tout en sachant qu'elle finirait par rejoindre l'académie de communications du SHIELD. Il n'était pas un agent du FBI. Mais un agent de terrain du SHIELD, une organisation secrète protégeant non-humains et mutants des humains ainsi que l'inverse. Surtout l'inverse d'ailleurs à cet époque. Quelques mois plus tard, elle rejoignait effectivement les rangs du SHIELD.

 

Aleksa les fixait abasourdie. Elle avait l'impression que son équipe se moquait d'elle. Elle ne pouvait pas faire ce qu'on lui demandait pour de vrai. Elle était un agent de communication et non pas un agent de terrain. Elle risquait moins sa vie en restant derrière ses ordinateurs et en remplissant les papiers administratifs de son équipe. Elle n'avait pas sa place sur le terrain. A la limite, elle pouvait y aller en tant qu'interprète mais non pas en infiltration. Cela sentait la catastrophe.

« Vous êtes fous ! Je n'ai pas les qualités pour y aller ! Je ne saurais pas comment réagir !
-  Calme toi Aleksa ! S'exclama l'un de ses coéquipiers, celui qui allait partir en mission avec elle. Tout ira bien. L'homme que nous allons rencontrer aime particulièrement les jeunes femmes russes et parle un peu la langue. Ta présence sera fortement apprécie et de façon à ce qu'il ne t'embête pas, il te faudra prétendre être ma femme. Il ne touchera pas à la femme d'un homme qu'il jugera potentiellement dangereux. Tu nous serviras aussi d'interprète par rapport à ses hommes de mains. Tu n'as juste qu'à laisser traîner tes oreilles et prétendre que tu es une femme à l'esprit léger. Ne te vexe pas pour ce que je vais te dire à ton sujet. Tu es sensé m'avoir épousé plus pour mon argent et mon succès que pour moi-même.
- Cela s'avère tout de même dangereux ! Je refuse ! »

Aleksa n'en démordrait pas, c'était hors de question. Le plan ne paraissait pas foireux mais malgré tout, elle refusait d'aller chez cet homme sanglant qui traitait plus que mal les jeunes femmes.



« Je te déteste ! Tu es au courant de ça ? Criait la jeune blonde
-Je sais Aleksa. J'ai merdé en te demandant ça.
- On aurait jamais dû tenter de rentrer dans son bureau, ou au moins faire ça autrement. Tu avais promis de ne jamais me laisser seule avec lui ! 
- Calme toi, bon sang. »

Il lui avait fallu deux jours pour convaincre la blonde de se rallier à la cause certaine de cette mission qu'elle avait jugé suicidaire.  Mais si il avait réussi c'était surtout parce qu'il lui avait promis de ne jamais la laisser seule ou au moins la quitter des yeux. Il avait failli à sa promesse. Il s'était glissé près d'elle, lui avait glissé un « Je reviens dans cinq minutes. Ne fais pas de bêtises. » et avait disparu. Il avait tenté de s'introduire dans le bureau du dangereux serbe et avait manqué de les faire tuer. Enfin, il était toujours sur le fil. Les deux jeunes gens cachés dans un buisson fort désagréable du jardin immense du serbe, ils attendaient que les coups de feu au loin se tarissent. L'un comme l'autre le savaient, il n'allait pas tarder à lâcher les chiens et ils n'auraient presque plus aucune chance de s'en tirer sans dégât. Il s'approcha d'elle, toujours hystérique, et fit quelque chose qui perturba la jeune femme au point de lui avoir fait oublié la raison première de son énervement. Il l'avait embrassé. Simplement et tendrement. Aleksa n'eut pas le temps de se remettre de ses émotions qu'il lui attrapa la main et l'entraîna dans une course frénétique. Les chiens au loin, commencèrent à aboyer. Ils étaient lâchés.
La course était longue, les chiens les rattrapaient peu à peu et la panique s'emparait de la blonde. Elle allait mourir. A vingt-sept ans. Comme ça. Son père serait si triste... Elle préféra ne pas y penser et redoubla d'effort. Les deux agents du SHIELD atteignaient enfin la fin de la propriété privé du Serbe. Peut-être allaient-ils s'en tirer ? Ils accélérèrent et une vague de joie s'empara d'eux lorsqu'ils constatèrent que leur chef d'équipe les attendait dans une voiture prête à démarrer.
Une fois à bord du véhicule noire, le soulagement prit doucement la place de la peur. Ils reprirent leur respiration et le jeune homme lança :

« Ouf, on a eu chaud ! »

Il reçut un regard noir de la part de la blonde qui l'instant d'après se tourna vers leur chef pointant son doigt vers lui et s'exclama :

« Plus jamais ça ! »

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